Français | English

← Retour au Témoignages

Camille JordensProfesseur de littérature française

Toute l'œuvre de Daniel Pons exalte la vie, non dans un lyrisme d'exaltation factice, mais dans un mouvement d'élévation qui tire le lecteur vers le haut, qui le rehausse. Non qu'il propage un certain idéalisme : il colle trop au réel le plus quotidien, le plus déchirant, le plus aliénant parfois. Non qu'il hausse le ton : il hausse le niveau. Il ne se dégage pas du monde : du monde discursif aliénant il dégage l'homme, l'être profond. Il consent à l'existence et à la fois, il n'est pas consentant. Vivre certes, il le veut, mais vivre plus, être.

Poussé par une dynamique intérieure, Daniel Pons exprime moins ce que l'homme est que ce qu'il a à être. Sa démarche procède d'une exigence impérieuse de dépassement, qui n'est ni impératif moral ni impérialisme idéologique. Pure disponibilité, perméabilité à l'être, la pensée se refuse à être la projection d'une "voie" et d'une "vérité" qui ne seraient qu'illusoire mainmise de l'intellect.

L'écriture est un cri, car qui l'écrit est impliqué dans ce qu'il énonce. L'écriture est encore maîtrise, rigueur et intensité, acuité et condensation. Refus du confus et de l'approximatif, mais éloge d'une clarté, à la fois claire et nuancée, d'une authentique complexité.

L'œuvre culmine dans une volonté d'union avec la vie, avec les êtres, ce que Daniel Pons appelle une "relation de qualité". Elle implique fusion et refus de la confusion, une simplicité suprême qui allie et point n'aliène. Dans ce "double unique" cohabitent solitude invincible et amour irrépressible. Amour-acte, à l'image de l'écriture qui elle aussi est acte : acte de parole.

Camille Jordens